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IHSAHN - The Adversary - 2006

Black metal oui... mais pas que ! Ihsahn se lançait en solo de façon magistrale avec The Adversary après la fin des activités discographiques d'Emperor, l'un des leaders de la mouvance (sans compter ses contributions à Peccatum et Thou Shalt Suffer). Si le black orchestral et raffiné d'Emperor se retrouve en partie sur The Adversary, notamment dans l'utilisation des claviers, cet album va bien au-delà du recyclage d'un passé prestigieux. Ce disque est à la fois un prolongement des travaux d'Emperor, dont les fans ne pourront qu'être ravis, une ouverture à des genres pas forcément attendus (comme ces touches de metal progressif qui ne feraient pas tache chez Dream Theater) et un retour, voire un hommage, aux origines du heavy (King Diamond en premier lieu). Tout cela d'un coup et parfaitement intégré. Résultat, Ihsahn frise le chef-d'œuvre. Seuls deux titres, orientés black canal habituel, donc moins aventureux, ne décrochent "que" la mention bien.

La performance est d'autant plus impressionnante que le maître de cérémonie a tout fait : musique, paroles, chant (sauf sur le titre Homecoming, avec Kristoffer G. Rygg), guitare, basse et claviers. Seule la batterie a été confiée à Asgeir Mickelson. Ajoutez à cela qu'Ihsahn s'est aussi chargé de la production et du mix de l'album : voilà ce qu'on appelle un projet très personnel.

Invocation ouvre The Adversary comme une transition avec la dernière réalisation d'Emperor : gros travail sur les arrangements, voix agressives et criardes mais pas inaudibles, maelström symphonique guitare-clavier, et cette combinaison si particulière de folie, d'un sentiment horrifique et de superbes mélodies. D'entrée, nous voilà au cœur de la tempête. A 2'45", une accalmie, puis bientôt un passage en chant clair, un peu lyrique, superposant les couches... et soudain une ligne vocale qu'on croirait sortie du gosier de King Diamond ! Un premier titre impeccable.

Called By The Fire débute entre heavy old-school et heavy progressif... sans dédaigner l'ambiance black symphonique (décrire cet album est un calvaire !). Ihsahn rappelle sa capacité surprenante pour l'emphase sans jamais sombrer dans le ridicule ou le mauvais goût, ce qui serait pourtant facile avec une utilisation massive des claviers (un point d'habitude rédhibitoire pour moi mais qui, sur cet album, passe comme une bière dans un estomac nordique). Les parties de guitare sont riches, évitant de faire tourner les riffs (nombreux et parfois magnifiques) jusqu'à l'usure.

Citizen, quoiqu'embrayant en blast beats et black orchestral assez traditionnel, est d'une grande intensité. Le son, comme sur tout l'album, est excellent. Chaque instrument, chaque arrangement trouve sa place sans être écrasé. Quelques notes de piano en solo précèdent une reprise du thème crescendo. On commence à se dire qu'il va falloir renouveler son stock de superlatifs.

Homecoming surprend : que fait là cette espèce de heavy progressif à l'américaine en chant clair ? Sur le refrain, très mélodique, on pense à Paradise Lost. Avec une tension permanente, sombre et torturée en plus. Qui infecte jusqu'à un épisode façon Dream Theater ou Liquid Tension Experiment !

Astera Ton Proinon, violon-piano et voix masculine lyrique, lorgnerait plutôt chez Septic Flesh. Une fois encore sans sombrer dans le "clavier en plastique". Les chœurs suggèrent alors comme une grandiose agonie, avant que reviennent des sonorités prog et, plus loin, death. Où l'on se dit que cet album est exempt de facilité, de moments de relâchement. Tout semble peaufiné, pensé à l'extrême. Pourtant, The Adversary n'est ni lisse ni impersonnel.

Panem Et Circenses donne dans un heavy-black fortement teinté de King Diamond, notamment sur le plan vocal. Un titre assez "classique" (toutes proportions gardées...), pas très speed malgré quelques attaques de double pédale. Bon, donc, sans pour autant faire progresser le schmilblick. Même constat pour And He Shall Walk In Empty Place : on pense pas mal à Emperor.

Mais The Adversary se termine en apothéose. Will You Love Me Now ? se distingue par sa mélodie décomposée en riffs appuyés, des parties orchestrales aux claviers envoûtants et des passages calmes aux chœurs quasiment pop mais inquiétants. Quant au chant black, même quand il se fait lent, il semble vouloir donner vie à la sentence de Dante : "Toi qui entres ici, abandonne tout espoir".

The Pain Is Still Mine achève cet album et, avec lui, les derniers doutes qui auraient pu subsister quant à sa stature. Intro au piano, puis violon-clavier, puis guitare et batterie, toujours sur une rythmique lente : l'ensemble est très cinématographique. Le chant, dégorgé, douloureux, demeure en retrait. Les transitions sont une fois encore superbes. La voix lyrique reprend le dessus, s'entremêle avec les chœurs, la guitare, la batterie. Il y a du Septic Flesh, du Therion, mais aussi du Savatage là-dedans pour le côté "opéra metal" (qu'on pourra rapprocher, pour les non-metalleux, de certains travaux de Queen). Ce morceau n'est ni du black metal blasphématoire enragé ni du metal mainstream, non, autre chose, un chemin de fuite, peut-être plus accessible aux néophytes que les cataractes de haine sataniste, mais d'une grande exigence artistique. Dix minutes excellemment composées, raffinées, imaginatives, où l'on ne sait si l'on admire le plus les parties vocales ou instrumentales.

Autant dire que The Adversary est un disque qui se bonifie au fil des écoutes tant sa richesse est grande. Sensible, bien que misanthropique, il vous écartèle entre noirceur furieuse et mélancolie traversée d'éclats de lumière. L'album d'un créateur capable à la fois de se plonger dans son passé et de défricher encore.

Ihsahn : site officiel

 

Mis à jour ( Jeudi, 18 Septembre 2008 13:17 )  

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