Note : un article antérieur, "L'ombre de l'ogre urbain", détaillait l'opération immobilière envisagée. |
18 septembre 1998 |
MORSCHWILLER-LE-BAS
Après la pétition, la réunion |
La pétition « pour la sauvegarde du Kirchberg » a réuni 1018 signatures. Le maire annonce une réunion d'information.
Une
réunion publique d'information sur le projet de Zac du Kirchberg et sur
l'avenir de Morschwiller-le-Bas se tiendra mi-octobre à la salle
polyvalente. Cette décision, prise lors du conseil municipal de
mercredi soir, est la conséquence des 1018 signatures recueillies par
la pétition des opposants au projet. Elle a été déposée en mairie
lundi 14 septembre, au nom de l'association « Morschwiller, mon village
», constituée le 4 septembre et présidée par André Baldeck. Au
centre du débat, l'augmentation de la population de la commune, qui
pourrait atteindre 50 % en 10 ans pour se monter à 4500 habitants. Une
hausse qui permettrait, par le biais de la taxe d'habitation, de
financer un nouveau groupe scolaire. « Remuer comme cela le
village, c'est dommage. Ça devient très politique »,
s'exaspère le maire Jean-Paul Wurth. Quelque part, ils ont racolé
tous ceux que je n'ai pas pu prendre sur ma liste (ndlr : aux
dernières élections municipales). Il y a un tel pourcentage de gens
qui ont signé sans savoir de quoi il retourne. » Pour
lui, les pétitionnaires « ont allumé un feu. À nous de l'éteindre
doucement.» Le but de la réunion sera donc de « redire ce que
l'on a déjà dit et que les gens n'ont pas lu » (ndlr : dans les
bulletins d'information municipaux). Il n'y aura pas de polémique.
» PORTE-À-PORTE
« Notre première étape était de déposer rapidement la pétition »,
explique Daniel Meyer, secrétaire de « Morschwiller, mon village». Il
annonce que le porte-à-porte qui a permis de recueillir les 1018
signatures va reprendre, cette fois pour proposer aux habitants du
village d'intégrer l'association. Il souligne que plusieurs présidents
d'association (Frescha club, Union musicale, Football club, Basket club,
Société des aviculteurs) font déjà partie du comité de «
Morschwiller, mon village»: « C'est déjà très représentatif que
ces gens-là soient avec nous.» Daniel
Meyer espère ainsi que le maire reviendra sur son opposition à l'idée
d'organiser un référendum. Et estime que le mouvement des opposants au
projet de Zac du Kirchberg ne fait que commencer. |
Fab M
17 octobre 1998 |
Débat houleux à Morschwiller |
La future Zac
du Kirchberg continue à faire des vagues. La réunion de jeudi a
ressemblé à un coup d'épée dans l'eau, malgré les tentatives
d'explications du maire. APRÈS
la pétition qui a circulé cet été à Morschwiller-le-Bas contre l'aménagement
de la Zac du Kirchberg, 200 personnes étaient sur le pont à la salle
polyvalente jeudi soir pour une réunion d'information. « Nous avons
été élus avec un seul objectif important : la construction d'un
nouveau groupe scolaire », rappelle le maire. Josiane
Melhen, adjointe à la communication et aux écoles, insiste : « Il
faut plus d'espace pour accueillir les enfants, des activités périscolaires,
améliorer la sécurité et les accès des établissements. Donc un
groupe scolaire, inclus dans la Zac.» Personne ne conteste. Face à
l'inquiétude d'un raz-de-marée de nouveaux habitants, le maire
Jean-Paul Wurth assure que le conseil municipal tient la barre. Que 4500
habitants est une cote maximale. L’AMÉNAGEUR PAIERA LES ROUTES
Le
premier à se jeter à l'eau dans le public se demande qui sont les
propriétaires des terrains de la future Zac. « Pas des
membres du conseil municipal », réplique le maire. Il vogue
dans la salle pour porter le micro à ses interlocuteurs. Premiers
applaudissements pour un homme qui affirme : L'adjoint
aux finances René Isselé souligne en retour les bonnes performances
fiscales de Morschwiller. Le maire dérive sur l'augmentation des taxes
sur l'eau et les ordures. On surfe de sujet en sujet. « J'ai
l'impression qu'on nous berce de paroles dans une ambiance conviviale.
J'attends des réponses », dit une femme du premier rang.
Applaudissements. André
Baldeck, alias Decko, instigateur de la pétition, se lève : « Dans
dix ans, combien d'habitants?» « 4500, si tous les trous
dans le Pos (plan d'occupation des sols) sont occupés »,
affirme le maire. Un Pos qui doit être révisé, sinon, « nous
arrivons à 6500 habitants.» Bernard Baldeck, père de Decko, se
lance à l'abordage : « Un hectare suffit pour aménager le groupe
scolaire, alors pourquoi aménager les immeubles derrière?»
Nouveaux applaudissements. Le maire : « Il n'y a décidément pas
pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.» Protestations dans
la salle. Jean-Paul
Wurth insiste. Il n'y aura que des maisons individuelles dans la Zac. Et
l'aménageur paiera les routes qui desserviront le groupe scolaire.
L'ambiance monte. La question du périscolaire revient en plusieurs
vagues. Et une nouvelle salle de sport ? Trop cher pour le moment. 22
h 30 : une quinzaine de participants quittent les lieux. Quelques
minutes plus tard, Jean-Paul Wurth dit vouloir « éviter la polémique
sur la La
séance s'achève vers 23 h. Les sceptiques ont toujours l'impression d'être
menés en bateau. Et le maire de nager dans un océan d'incompréhension.
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14 octobre 1999
Morschwiller : Zac en pente douce |
La finition de la Zac Hofer et l'acquisition de terrains auprès de
propriétaires réticents pourraient retarder la construction de la Zac
du Kirchberg. Donc celle du groupe scolaire. (Photo
La réalisation de la Zac du
Kirchberg et du nouveau groupe scolaire n'est plus qu'une question de
temps, assure le maire. Mais ses adversaires ne désarment pas. HIER
matin, seuls treize habitants de Morschwiller-le-Bas avaient inscrit
leurs remarques sur le plan d'aménagement de zone de la zac du
Kirchberg, dans le registre de l'enquête publique, laquelle se termine
demain. Un chiffre qui détonne avec le millier de signatures
recueillies en 1998 par la pétition anti-zac. L'avant-projet
définitif est en cours de finalisation. Le nouveau groupe scolaire
Alfred Giess, compris dans la zac, comportera huit classes de primaire,
quatre de maternelle, une bibliothèque et un secteur périscolaire. Coût
total : 16 MF (millions de francs), auxquels s'ajoutent 20,6 % de TVA. L'Etat
devrait participer au financement à hauteur de 3,6 MF au titre de la
dotation globale d'équipement. L'Union européenne a confirmé son
soutien la semaine dernière. Celui de la Caf reste encore à préciser. TECHNOCRATIQUE
Alors,
à quand l'ouverture ? Suivez-bien : avant de débuter les travaux, il
faut construire les voies d'accès de la zac. Cela suppose d'abord de
terminer la zac Hofer, dont les derniers aménagements coincent encore.
À supposer qu'entre-temps les 18 propriétaires fonciers concernés par
la zac du Kirchberg aient accepté de vendre leurs terrains. Trois
d'entre eux se montrent plus que réticents, selon le maire Jean-Paul
Wurth. Il assure qu'il négociera jusqu'au bout. « Nous n'avons
jamais exproprié », souligne-t-il. Mais il ajoute : « Il est sûr
aussi que si un propriétaire ne veut pas vendre, on sera obligé d'en
passer par là.» Or, selon lui, les récalcitrants font partie de
« Morschwiller, mon village». Cette
association fédère les opposants à la zac. Elle compte une
soixantaine de membres. Seulement ? Oui, parce qu'elle se bat sur «
des problèmes un peu abstraits pour le moment », avancent son président
André Baldeck (dit Decko) et son vice-président Antoine Edl.« Nous
ne voulons pas être un faubourg de Mulhouse », proclament-ils,
affirmant que si la zac se concrétise, Morschwiller perdra irrémédiablement
son caractère rural. Ils craignent que la commune ne puisse accueillir
ses nouveaux habitants dans de bonnes conditions. Les associations sont
déjà saturées, pointent-ils, tandis que le groupe scolaire interdira
tout nouvel investissement de poids à la municipalité. Pour
eux, l'idée que les rentrées fiscales supplémentaires générées par
les résidents de la zac permettront de payer le groupe scolaire est «
une logique technocratique où la fin justifie les moyens.» Decko dénonce AMÉNAGEMENTS
La
construction du groupe scolaire n'empêche pas de construire une
nouvelle salle de sports pour les associations à moyen terme, répond
le maire. Un plan de circulation a par ailleurs été prévu. Exemple :
la rue des Forges (réservée aux vélos et piétons) débouchera sur la
rue du Kirchberg, qui traversera la zac jusque devant la gendarmerie (où
un sens giratoire sera mis en place), avec un prolongement jusqu'à la
rue de la Mer Rouge. Le tout pour éviter que les habitants du Kirchberg
et de la zac Hofer viennent grossir la circulation de la route
nationale. L'intersection RN-rue de l'Eglise deviendra un croisement à
quatre feux tricolores. Les carrefours RN-rue du 21 Novembre et RN-rue
Hofer seront réaménagés par un élargissement des voies et une
signalisation au sol. Enfin, le groupe scolaire comprendra un parking pour éviter
l'entassement des véhicules en stationnement en attendant la sortie des
enfants. Ces aménagements seront présentés dans le prochain bulletin
municipal. Suffiront-ils à convaincre les sceptiques ? Les palabres à
la mode africaine, que le maire dit affectionner, pourraient aussi lui
prendre quelques soirées d'hiver...
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Un duel pour 2001 ? |
Au
final, les retards qui se profilent pour la zac du Kirchberg ne semblent
pas trop affecter le maire Jean-Paul Wurth. Deux raisons à cela. Le
dernier recensement ne donne que 2661 habitants à Morschwiller-le-Bas,
contre 2448 en 1990. Pour la construction du nouveau groupe scolaire, «
nous sommes moins pressés parce que Morschwiller n'explose pas. Nous
avons le temps », traduit le maire. La zac risque ainsi de se
retrouver au centre des débats pour les élections municipales de 2001. L'occasion
pour Jean-Paul Wurth, qui dit vouloir défendre son « bébé »
jusqu'au bout, de se présenter pour un mandat supplémentaire. Il l'a
confirmé hier, à « L'Alsace». En rappelant au passage qu'il avait été
élu en 1995 sur le seul projet d'une nouvelle école. L'association «
Morschwiller, mon village » se voit placée, elle, devant une
inconfortable alternative. Soit ses chefs de file constituent une liste
d'opposition à Jean-Paul Wurth avec un programme complet. Et ils disent
encore hésiter, car ils n'avaient rien envisagé de tel au départ.
Soit ils se contentent de peser par tous les moyens sur la campagne,
pour transformer l'élection en référendum sur la zac. Si
on en arrive là et que le maire est réélu, celui-ci craint que l'école
n'ouvre pas avant 2004. S'il était battu, il faudrait au moins
s'attendre à voir disparaître la partie résidentielle du projet de
zac. Dernière éventualité : le projet de zac se débloque avant les
élections. Mais on n'en prend pas le chemin. |
15 février 2000
Morschwiller-le-Bas :
la Zac du Kirchberg devant la justice |
Le
dossier de la Zac du Kirchberg est-il conforme au code de l'urbanisme ?
Ses détracteurs ont saisi le tribunal administratif de Strasbourg. A la
mairie, on se dit serein. Même si les élections approchent.
LES
AVOCATS de
l'association « Morschwiller, mon village » ont déposé le 1er février
un recours pour excès de pouvoir auprès du tribunal administratif de
Strasbourg. Il vise la délibération du conseil municipal du 24
novembre 1999 relative à la zone d'aménagement concerté (Zac) du
Kirchberg. Le projet prévoit la création de 90 pavillons individuels,
ainsi que d'un groupe scolaire à l'emplacement de l'école Alfred Giess
(voir nos éditions des 30 août et 17 octobre 1998, ainsi que du 14
octobre 1999). Cette
action en justice avait été décidée lors de l'assemblée générale
de l'association, le 7 janvier dernier. « Morschwiller, mon village »
compte soixante-six membres dont, selon le compte-rendu de son assemblée
générale, neuf des seize propriétaires concernés par l'aménagement
de la Zac. Sa
requête signale que « le rapport de présentation figurant au
dossier de création de la zone d'aménagement concerté ne
comportait pas d'étude d'impact », prévue par le code de
l'urbanisme. Elle soutient également que le Plan d'aménagement de zone
(Paz) n'indique pas « les grandes options d'urbanisme retenues à
l'occasion de l'élaboration du plan, ainsi que les conditions dans
lesquelles les préoccupations d'environnement sont prises en compte.»
Troisième
point soulevé, le Paz « ne comporte aucun document relatif à la
localisation et à l'adaptation des réseaux d'eau et d'assainissement
(...). Il ne fait pas état des opérations déclarées d'intérêt
public à l'occasion de l'approbation du plan d'aménagement de zone.»
La Zac du Kirchberg, concluent les avocats, « ne correspond en rien
aux besoins de la
commune », des points de vue financier, de la capacité du groupe
scolaire envisagé et de ses accès, ou de la circulation routière et
des répercussions sur l'environnement. « L'avocat se plante »
« Les documents existent », rétorque-t-on à la mairie. L'on s'y dit
« absolument pas » inquiet quant au devenir du recours, c'est-à-dire
à une éventuelle annulation de la délibération du 24 novembre par la
justice administrative. « Tout ce qui est marqué dans le code de l'urbanisme a été fait. Le
dossier est tellement lourd qu'on a du mal à le porter ! Qu'on soit
contre un projet, c'est légitime. Mais en l'occurrence, l'avocat se
plante complètement.»
Le conseil municipal devrait se pencher sur les moyens de sa défense
auprès du tribunal lors de la séance du 8 mars. |
Les électeurs avant le tribunal |
André
Baldeck assure que la constitution d'une liste anti-Zac n'est pas entérinée.
Mais il souligne déjà que son association « appuiera l'opposition».
Tel est son calcul : si le maire Jean-Paul Wurth est réélu, la Zac
restera dans les cartons jusqu'à épuisement des recours judiciaires.
Cela pourrait entraîner son abandon. Et si une éventuelle opposition
l'emportait aux municipales, pas besoin d'une autopsie judiciaire pour déclarer
le projet mort-né. Ce sont donc peut-être plus les Morschwillerois
eux-mêmes que le tribunal administratif de Strasbourg qui décideront
de l'avenir de la Zac. |
10 mars 2000
Zac du Kirchberg :
Morschwiller contre-attaque |
Le conseil municipal a validé le budget primitif, le projet de
nouveau plan d'occupation des sols et a désigné son avocat dans
l'affaire de la Zac du Kirchberg. LE
CONSEIL MUNICIPAL
de Morschwiller-le-Bas, qui s'est réuni mercredi soir, a désigné
l'avocat qui plaidera la cause de la commune contre le recours en excès
de pouvoir déposé par l'association "Morschwiller, mon
village" (L'Alsace du 15 février). Le conseil avait approuvé
le dossier de réalisation de la Zac du Kirchberg le 24 novembre
dernier. Mais l'association présidée par André Baldeck, alias Decko,
a attaqué cette délibération en déposant un recours devant le
tribunal administratif de Strasbourg. L'association
affirme qu'il manque des documents prescrits par le code de l'urbanisme
dans le dossier de création et dans le plan d'aménagement de zone (PAZ),
notamment une étude d'impact. Jean-Paul Wurth s'élève contre le procédé
« sournois » de "Morschwiller, mon village",
rappelant qu'il a rencontré le comité de l'association quinze jours
avant d'être informé du recours. « Cette action n'a pas lieu d'être.
C'était bien pour empêcher la réalisation de l'école (ndlr :
comprise dans le projet de Zac) avant les élections, pour pouvoir
tout remettre en question après ». Le
retard que prend le projet va coûter très cher à la commune, selon le
maire. Il a également présenté le projet de révision du plan
d'occupation des sols (POS). Décidé en 1998, il a été élaboré
l'année passée et se concrétise dans le vote de mercredi. « Nous
nous sommes rendus compte lors du débat d'orientation, bien
avant une certaine association (ndlr : allusion à "Morschwiller,
mon village"), qu'il y avait un danger. Le règlement en
vigueur risquait de nous faire augmenter rapidement de population »,
explique le maire. « Nous avons décidé de ne pas augmenter la
surface constructible et de ne pas aller vers l'ouest.» Rue
des Pèlerins, en face du lotissement, la profondeur de construction
sera par exemple limitée à une seule maison ; la zone située derrière
les hôtels, à l'extrémité sud-est de la commune, restera non
constructible et dévolue à l'agriculture ; le secteur du verger du Château,
lui,« sera réglementé de façon assez drastique.» |
FABIEN MARÉCHAL |