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Les Incas : diplomates plutôt que guerriers

Pour s’étendre, l’Empire inca se serait moins appuyé sur la guerre que sur la politique, l’économie et l’idéologie, suggère l’étude de centaines de squelettes.

L’image traditionnelle d’un Empire inca guerrier et sanguinaire est battue en brèche. L’observation des blessures sur 454 squelettes adultes, issus des différentes périodes de la civilisation inca, suggère que celle-ci s’appuya surtout sur des procédés diplomatiques pour assurer et maintenir son expansion, affirme un article publié dans l’American Journal of Physical Anthropology.

Crâne d'un homme inca de la période impériale. Un morceau d'os manque à l'extrémité d'une ligne de fracture, possiblement due à une blessure de guerre, au-dessus de l'œil gauche (V. Andrushko and E. Torres/American Journal of Physical Anthropology 2011)
Crâne d’un homme inca de la période impériale. Un morceau d’os manque à l’extrémité
d’une ligne de fracture, possiblement due à une blessure de guerre, au-dessus de l’œil
gauche (V. Andrushko and E. Torres/American Journal of Physical Anthropology 2011).

Les squelettes proviennent de onze sites incas de la région de Cuzco (capital de l’empire, dans l’actuel Pérou), datant de l’an 600 à l’an 1532. Ce qui permet, précisent les auteurs, de comparer les preuves de guerre avant l’ascension du pouvoir inca (600 à 1000), pendant son expansion (1000-1400), puis à l’apogée de l’Empire inca, quand ce dernier s’étend sur toute la région de Cuzco et au-delà, jusqu’à sa chute (1400-1532). Sur l’ensemble de ces trois périodes, 100 crânes sur 454 présentaient des traces de traumatisme, mais seulement 23 des blessures crâniennes pouvant être dues à des actes de guerre (fractures importantes ayant précédé la mort).

Ces chiffres suggèrent que “les Incas recouraient bel et bien à le guerre comme mécanisme d’expansion dans la région de Cuzco”, expliquent les anthropologues Valerie A. Andrushko (université du Connecticut du Sud) et Elva C. Torres (Instituto Nacional de Cultura, Pérou). Mais la guerre “ne constituait qu’un élément d’une stratégie d’expansion plus complexe incluant des moyens économiques, politiques et idéologiques pour obtenir et conserver le pouvoir”.

Le faible nombre de blessures importantes avant 1400 laisse même penser que “la guerre n’était pas fréquente dans la région de Cuzco avant et pendant l’ascension des Incas vers le pouvoir”. Les chercheurs ont toutefois relevé une augmentation des blessures lors de la période impériale – mais inégalement réparties et dans des sites situés à la périphérie de la région de Cuzco.


Le Machu Picchu fut bâti par les Incas à l’apogée de leur empire (photo : Robert Clark)

L’ensemble de l’Empire inca, a son apogée, intégrait des dizaines de groupes ethniques, régnait sur plus de 12 millions de sujets et s’étendait sur près de 4000 km (vers le nord, au-delà de l’actuelle Quito, en Équateur; vers le sud, au-delà de Santiago, au Chili). Il s’effondra rapidement après la conquête espagnole de 1532.

Fabien Maréchal

Sources : Andrushko, V. A. and Torres, E. C. (2011), Skeletal evidence for Inca warfare from the Cuzco region of Peru. American Journal of Physical Anthropology. doi: 10.1002/ajpa.21574; Sciencenews; Hautes ambitions incas, National Geographic France, avril 2011.

12 octobre 201113:02
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