Fils
d'un réfugié qui a fui le franquisme après la guerre d'Espagne et la défaite des
républicains en Catalogne,
François Martinez, encore adolescent, découvre la France
à
la fin des années 1940.
L'écrivain François Martinez, photographié
chez lui,
à Fontenay-sous-Bois, au début des années 2010.
"Mon arrivée en France a coïncidé avec
mon envie d'écrire, explique-t-il. A cette époque, je voulais
devenir romancier. Et puis c'était ma rencontre avec la langue
française, que je découvrais chez des auteurs comme Romain Rolland et
Anatole France."
S'il ne cessera de naviguer par la suite entre le
théâtre et le roman, François Martinez concède que sa découverte du théâtre "fut catastrophique, et elle l'est demeurée longtemps. Les vers de
Molière, de Corneille et de Racine, criés par les comédiens, à l'école ou à la
radio, m'ont longtemps tenu éloigné de la scène, comme de la lecture des pièces.
Un roman, un conte, une nouvelle, me plongeaient dans une longue rêverie. Pas
une pièce de théâtre. Je me demandais, d'ailleurs, à quoi cela pouvait bien
servir. Jusqu'au jour où j'ai découvert Pirandello, Eugène O'Neal et
Arthur Miller. Six personnages en quête d'auteur, Long voyage vers la
nuit et Mort d'un commis voyageur m'ont beaucoup marqué. Cela a
été un nouveau coup de foudre, une nouvelle découverte, comme pour les
romanciers. Quand j'ai commencé à écrire du théâtre, j'ai voulu me rapprocher le
plus possible de ces œuvres. Car j'étais persuadé, et je le reste, que ces
auteurs avaient puisé de telles histoires dans leur vie même."
Arrivé en France sans en parler la langue, François
Martinez adopte celle-ci corps et âme : il en fait même son métier. Il devient
journaliste (de presse écrite, bien entendu), se spécialisant dans les enquêtes
de société avant de se mettre au service d'une autre de ses passions, le cinéma,
en tant que critique.
En parallèle, il ne
cessera jamais d'écrire et
d'explorer à travers des oeuvres profondément personnelles, qui
transfigurent le réel, des thèmes liés à l'ambiguïté des représentations sociales et à la liberté
individuelle.
François Martinez est
décédé le 13 septembre 2023. |